1. |
Héraclès
04:29
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Trébuchant sur les pavés dorés de la gloire, de la défaite inéluctable. Pas à pas, je marche, mon objectif en ligne de mire. Le mal affiché à mes yeux, au grand jour. Cette lutte de feu inéquitable, pour un triomphe inenvisageable. La pensée contre la pensée, la mutilation comme seule issue, comme seule issue possible. La décision m'est dictée, l'horizon se trouble. Le regard pris dans la pénombre, d'un filet d'eau embrumé, l'évidence est là, le sang couvre ma vision de sanglots. Une à une, les têtes tombent sur les crânes des disparus, l'impression d'un sens commun disparu. Les sens disparus dans le mutisme, je fends mon savoir tel Héraclès séparant le détroit. Ma vision figée dans le marbre et ses canaux, semblables à mes veines rétiniennes, traçants une carte au gré de la roche. Et le désespoir, le désespoir. Héraclès, le détroit d'Héraclès, le lit de mon éternel sommeil s'étend tel un drapé de plumes noires prêt à accueillir mon fiasco.
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2. |
La Suie des canons
06:06
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Un jour, je fus dans la confidence. Mon ouïe était paraît-il, à la bouche d’un vieil homme, un sage. Des lèvres comme un rivage, une berge où coulent la gnôle et de vaseux torrents d’imprudence. Les vainqueurs arrosent, dit-il, de leur liqueur d’eau de vies dont le possesseur, infernal ravisseur, nous laisse les os à vif, les cheveux en bataille. Puis c’est la trêve hibièrnale. Pour des valses boiteuses et misérables où les dames tombent, surprises, en mauvaises cavalières bien mal montées. Dans un rythme d’artillerie sourde, le bruit étouffe. On danse à des heures troublées où tout s’emmêle. Pour de l’alcool plein les caveaux, on en bourre les fourreaux de sourires bien dégueulasses. D'un sourire tellement dégueulasse. Pour de l’alcool plein les caveaux, des corps entamés au tord-boyaux. C’est la trêve hibièrnale, le deuil aux soûlards et le silence. L’herbe repousse sur les bières tombales. Le deuil aux soûlards et ce silence. Y’a qu’à s’en battre, se foutre sur la gueule, tant qu'il y a du vin. Y’a qu’à s’en battre, se foutre sur la gueule et le silence tant qu’il y a du vin. Y’a plus qu’à se crasser les doigts et se mettre à terre. Y’a plus qu’à se casser les doigts et se mettre à terre et se mettre à terme. Et ce silence, où les hommes se tuent et s’en mettent plein la trogne, jusqu’au rouge, ce putain de rouge.
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